THERMES DE VITTEL
Réalisation : 1991
Surface : 7 000 m²
Coût : 38 650 000 F
Maître d'ouvrage : SOCIETE GENERALE DES EAUX MINERALES DE VITTEL
Architectes : EMMANUELLE BEAUDOUIN, LAURENT BEAUDOUIN, MARIE-HÉLÈNE CONTAL
Architectes assistants : ALAIN CASARI, THIERRY MERCIER, PIERRE FRACHON
MENTIONNÉ AU PRIX DE L’ÉQUERRE D’ARGENT 1991
Le plan de restructuration des Thermes de Vittel conçu par Emmanuelle Beaudouin, Laurent Beaudouin et Marie-Hélène Contal s’est réalisé par étapes successives. Il comporte la restauration du patrimoine historique du premier établissement thermal construit par Charles Garnier en 1890 et l’agrandissement des thermes. Après la réalisation d’un premier bâtiment qui était la première usine d’embouteillage, un projet global a été proposé par l’atelier Beaudouin sur l’ensemble du site, des Thermes de Vittel en remplacement d’un simple projet de réhabilitation des édifices existants. La démolition de certains bâtiments, surajoutés sans cohérence en fonction des besoins, a permis la clarification du plan d’origine principal et la création d’un jardin intérieur vers lequel s’ouvre une partie du projet. Ce projet a permis l’expérimentation de plusieurs thèmes de projet qui trouveront plus tard leur développement.
ESPACE FORME
Commencé en 1988, le projet d’Emmanuelle Beaudouin, Laurent Beaudouin et Marie-Hélène Contal, devait conserver la volumétrie d’un bâtiment existant qui était la première usine d’embouteillage des eaux de Vittel. Il contient des petites salles de massage réunies sur deux niveaux par un espace commun. À l’extrémité des gradins, une fente, ouverte dans le toit, crée une longue ligne de lumière qui balaye le mur nord au cours de la journée. Les façades latérales, en verre sablé par bandes horizontales, sont structurées par des lames verticales d’acier servant d’ossature au bâtiment. Elles suspendent des brise-soleil en lames de verre sablé, dont le pas serré préserve l’intimité intérieure. Ce projet utilise pour la première fois l’idée du brise-soleil en verre horizontal développé plus tard en grande dimension dans le projet du pôle de gestion à Nancy. Ce principe sera plus tard abandonné au profit des brise-soleil verticaux.
LES THERMES
Le projet des thermes est articulé au bâtiment existant par une galerie longeant l’ancienne façade et une demi-coupole suspendue au-dessus de l’espace d’entrée. Dans l’axe de la coupole, un puits de lumière conique, légèrement incliné, dirige la lumière prise en terrasse jusqu’au rez-de-chaussée en traversant l’étage. La présence de la coupole est une évocation des coupoles thermales anciennes. La galerie est éclairée par une ouverture zénithale séparant clairement les deux volumes. Les fenêtres du bâtiment existant ont été fermées pour donner à la façade un rôle d’écran qui reflète le mouvement de la lumière solaire. Le rez-de-chaussée dessine un socle contenant en partie les fonctions techniques. L’étage est un plan ouvert où les éléments de programme s’inscrivent librement dans une trame régulière. La structure du bâtiment est formée de colonnes circulaires en béton blanc poli. La préfabrication en usine a permi de répondre au très court délai du chantier. Les volumes installés dans la trame ont des matières et des couleurs différenciées permettant une identification facile du programme. Le plafond en lames de bois assure l’unité des espaces et règle d’une manière invisible les questions d’éclairement, de ventilation et d’absorption phonique. Une piscine en demi-lune s’installe sous le volume courbe du deuxième étage. L’entrée dans la piscine se fait en descendant sous un voile de béton poli suspendu au-dessus de l’eau. Derrière ce voile, un escalier conduit au deuxième niveau où sont regroupées les parties du programme les plus bruyantes. Une ouverture laisse descendre la lumière le long de la courbe.
ESPACE BEAUTE
Ce programme est situé à l’extrémité de la grande galerie et compose avec les thermes un jardin intérieur. Un bâtiment existant, réalisé en 1905 par l’agence de Charles Garnier est aménagé en espace d’accueil. L’arrière du nouveau bâtiment, du côté du jardin intérieur, est composé d’une façade rideau en bois et d’une épaisseur de brise-soleil constituée de lames verticales en verre blanc émaillé, reprenant le travail développé en béton par Le Corbusier. Ce projet est le premier d’une longue série à développer l’idée de brise-soleil verticaux en verre. Le verre émaillé remplace le béton proposé par Le Corbusier pour conserver un apport de lumière suffisant à travers la matière du brise-soleil et créer une luminosité plus douce. L’ossature est formée de poteaux en béton indépendants de la structure du bâtiment, les verres posés sans ossature sont simplement glissés directement dans des engravures du béton. Les brise-soleil préservent l’intimité intérieure, les lames de verre émaillé laissant visible du dedans le jeu mouvant des ombres.
SALLE DE REPOS
Ce projet porte sur l’aménagement d’un petit bâtiment du début du siècle. L’espace principal a gardé sa volumétrie initiale. Un arrondi à l’angle de la salle a été accentué pour former une paroi courbe qui accompagne le regard vers l’ouverture vitrée de l’entrée. À l’angle opposé, deux murs s’interpénètrent pour dégager une fenêtre au niveau du sol et laisser une ouverture vers le jardin. Un creux est ménagé pour une fontaine distribuant trois sources d’eau minérale. Au-dessus de la fenêtre, un trapèze vertical de verre blanc suspendu, accompagne l’inclinaison d’une lumière zénithale. Un second trapèze de verre, en réponse au premier, traverse le plafond. La pente du verre et son émergence reproduisent les variations nuancées de lumière. Entre les deux trapèzes et la paroi courbe s’établit un lent mouvement visuel qui diffère selon l’intensité de la lumière. Cette composition trouve son origine dans un tableau de Malevich dans lequel un grand trapèze jaune s’immerge dans une profondeur blanche. Le trapèze vertical a été par la suite démoli et le mobilier prévu pour ce bâtiment n’a jamais été réalisé.
GALERIE DE LIAISON
Une galerie de liaison a fait l’objet d’une étude sans suites, pour relier les thermes aux hôtels en utilisant la forte différence de niveau du terrain. Une salle courbe souterraine donne accès à l’Hôtel Palace, en jouant de l’inclinaison du sol pour permettre le passage sous un voile de béton courbe qui sert de structure à l’ensemble. Une ouverture laisse glisser la lumière du jour sur le mur qui sert de soutènement.
PAVILLON DE LA SOURCE
Ce pavillon, construit en 1890 pour abriter la source souterraine de Vittel, est l’édifice le plus ancien de l’ensemble thermal. L’intérieur du pavillon a été transformé pour permettre la visite d’une salle enterrée d’où l’on peut voir la faille géologique contenant la source. Dans le pavillon lui-même, une coupole blanche couvre une salle circulaire revêtue de stucco gris clair. Près de l’escalier incurvé en granit bleu est installée une sculpture-tour de Yoshi Okuda.
PALMARIUM
Le Palmarium de Vittel est la seconde usine d’embouteillage réalisée sur le site à proximité des thermes. Elle a été transformée dans les années 30 pour recevoir une petite piscine de style art-déco. Une esquisse d »Emmanuelle et Laurent Beaudouin a été faite pour transformer l’édifice en un espace thermal. Une grande coupole couvre un espace central qui s’ouvre sur un jardin intérieur.
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The overall restructuring of the spa complex was carried out by stages. It entailed the restoration of the site’s historic heritage, in particular that of the first spa establishment, designed by Charles Garnier, of the Grande Galerie, and of the hall, which was previously restructured in 1930. The demolition of certain utility buildings that had been added on in the course of the years clarified the main structure and made room for an interior garden. The new building is connected to the existing large hall by a gallery which runs the length of the façade and a semi-dome which receives the stairs and the connecting lift. The space of this gallery is lit by a high glass canopy which clearly separates the two structures. The windows of the existing building have been closed to make the façade into a screen to project the progression of sunlight into the baths. The ground floor forms a base containing the technical functions and two types of activity, one being linked to an existing swimming pool, the other opening onto the gallery and a landscaped court. The base is lined in bands of granite, and a wall of water creates the connexion between the interior and the exterior. The storey, which is a free plan, is where the various activities are ordered in a regular framework. The structure of the building is formed by circular columns of polished white concrete. The shapes in the frame are made of materials and colours allowing an immediate identification: moltenglass, stone and wood. In the centre is an inclined conical light well, which directs light brought from the terrace to the ground floor. A semi-dome, opening onto the gallery, creates the connecting space with the former building. A lift shaft and a stairway are created in the former building to ensure the liaison with the reception areas and the cloak rooms that it contains. The ceiling is made of wooden slats to ensure a continuity and to render the lighting, the ventilation and the accoustic absorption invisible. A little half-moon shaped swimming pool is set under the semi-circular area of the second floor. A suspended polished concrete wall marks the entrance to the swimming pool, and a stairway behind this concrete wall leads to the second level where the noisiest activities are gathered in the circular area. A glass canopy allows light to fall along the length of the curve.
FITNESS AREA
Work got under way here in 1988 with a brief that called for conservation of the façade and of the volumetry of the first bottling plant. The building contains two levels of small massage rooms linked by a common space of marble tiers set a mid-level; the whole is topped by two gymnasium rooms. The entrance, which opens double height, is accompagnied by two winter gardens set on the first level. At the far end of the tiered space a glazed slit in the roof creates a line of the light that scans the north wall during the day. On either side of this strip of light, a stairway with a landing that overlooks the tiered area affords access to the upper floor. Its underface is covered in black enamelled glass slabs. Facades are glazed throughout, structured by steel strips that serve as a skeleton to the building.
BEAUTY AREA
Located between the park and the interior garden, this part of the project entails the re-utilisation of an external gallery built in 1905 by the Charles Garnier office, and its extension into the interior garden to link up with the spa complex. The refurbished gallery, which is now laid out as a reception and rest area, receives northern light from the park. The original structure has been laid bare. On the garden side, the south façade is composed of a curtain wall in oregon pine and of sun-shields made of horizontal strips of concrete and vertical strips of white enammeled glass. The skeleton is independent from the building’s structure. While the sun-shields ensure privacy, their strips of enamelled glass leave visible, from the inside, the moving play of sun and shadow. The interior uses a structure of polished white concrete posts. The flooring is in wood, and the walls are partly in pinewood. The centre of the stairs is a marble triangle.
REST-ROOM
This last part of the project concerns the renovation work on a building constructed at the beginning of the century. The original volumes of the main space have been retained. A rounded angle in the room has been accentuated to form a curved wall leading to or the glazed entrance opening. On the opposite orthogonal angle, the interpenetration of two walls creates space for a window on floor level and leaves an opening giving onto the garden. A timber panel slid into the windows reveal continues through onto the interior wall. A glass trapezoid element is hung above the window, underlining the light distributed through a glazed roof opening. A second glass trapezoid, reflecting the form of the first, lies under the ceiling. Its angle and spatial orientation creates delicate colour variations. A slow visual movement that changes with the intensity of light entering the room occurs between these two trapezoids and the curved wall. This impression of elements suspended in space is further accentuated by the way the ceiling is pulled back from the walls on the right angle. The origins of this geometry can be found in a painting by Maletvich in which a large yellow trapezoid emerges from a white background.