MEDIATHEQUE DE STAINS
Réalisation : 2012
Surface : 2045 m²
Coût : 7 290 000 € H.T.
Maître d'ouvrage : VILLE DE STAINS
Architectes : LAURENT BEAUDOUIN, EMMANUELLE BEAUDOUIN, AURÉLIE HUSSON
Architectes assistants : CHARLES SIGNE, CHRISTOPHE THIERY, NOÉMIE GAINEAU, ALEXANDRE CAZZOLA, JUNBIN LI
Projet de concours de l’atelier Beaudouin – Husson pour la Médiathèque de Stains
Le projet de la Médiathèque de Stains est situé sur le site du Château de la Motte. La Médiathèque, le quartier de logement, les restes du Château et l’espace public ne font qu’un, ils entretiennent des rapports d’urbanité autant que d’urbanisme. Le projet de la Médiathèque de Stains n’est pas un programme isolé. Les relations des édifices entre eux doivent être des rapports de politesse et de respect ou chacun doit mettre l’autre en valeur. La qualité de l’espace public est, sur ce plan, un cadre essentiel. Une partie de la place publique sera traitée en petits pavés calcaires reprenant au sol l’unité de matière de l’édifice. Nous proposons également de végétaliser la place publique par une double allée de bouleaux blancs pleureurs, plantés de part et d’autre d’un bassin linéaire de faible profondeur et d’une hauteur de 40 cm pour servir de banc abrité du soleil. En bordure de la place publique, un jardin de roses permettrait de mettre une distance suffisante entre la Médiathèque et l’aile du Château de la Motte. Ce jardin se poursuivrait sur la trace des anciennes douves qui pourraient se renforcer par des végétaux aquatiques alliant des joncs, des presles et des iris blancs. Le square Léon Brochet pourrait ainsi retrouver une atmosphère évoquant les douves sans pour autant les reconstituer artificiellement. A l’entrée de la place publique, la pergola métallique visible sur les anciennes photographie du Château serait reconstituée pour accueillir des églantines grimpantes. Au cœur de la Médiathèque, un jardin intérieur assure un éclairement latéral des salles de lectures et une ventilation naturelle permettant de rafraîchir les espaces intérieurs. Ce jardin est, bien sûr, séparé de la place publique par une grille plantée de roses centifolia. Le jardin est accessible, en particulier pour les enfants, dans la partie élargie de l’exèdre, que le projet prolonge pour retrouver la continuité de la courbure de l’ancien mur. Pour donner du sens à cette partie qui poursuit le volume du Château, nous proposons d’installer un théâtre de verdure extérieur en complément de l’espace intérieur dédié à l’heure du conte. Le jardin crée une distance suffisante entre le volume de la Médiathèque et la façade du Château. Une transparence visuelle traverse le projet pour marquer l’axe du portail qui peut servir d’accès indépendant pour les services de la Médiathèque. L’accès public à la Médiathèque de Stains est clairement visible, que l’on soit sur la place piétonne ou que l’on vienne du nouveau quartier de logements. L’encorbellement en protège l’entrée et semble accueillir une partie de l’espace public pour le prolonger vers le dedans, il est accompagné de la continuité du dallage de pierre entre l’intérieur et l’extérieur. La sous-face du porte-à-faux est l’endroit idéal pour la projection d’images liées aux activités et aux programme de la Médiathèque sur le parvis lui-même. Le porte-à-faux abrite également l’usager de la bibliothèque pour l’usage des automates de retours situés à droite de l’entrée. Après le franchissement du sas, on accède à un premier espace d’accueil qui comporte, sur le côté, les sanitaires du public et le rangement des poussettes. La banque d’accueil se prolonge en banque de prêt et de retour, qui se retourne pour faire face à l’espace intérieur. La banque d’accueil et la banque de prêt sont en continuité pour faciliter le travail du personnel. L’Agora est un lieux d’information et de rencontre, il est ouvert, confortablement meublé et largement visible depuis la rue. Après un espace d’échange et de détente, se trouve le secteur dédié aux périodiques et à la presse. Cet espace d’actualité est empreint d’une atmosphère confortable évoquant, par le mobilier, l’idée d’un club où l’on peut prendre son temps. Il est éclairé par une baie sur la rue et par le claustra de pierre qui se prolonge dans l’auditorium. L’accès public à l’Auditorium se fait au niveau de l’Agora, il comporte 80 places il est accessible aux handicapés directement en haut et en bas par le biais de l’ascenseur. L’usage de l’Auditorium est très souple, il peut servir à la fois de salle de conférence, d’espace de lecture et de mini théâtre grâce aux coulisses latérales. L’auditorium dispose d’une loge avec un accès direct sur la scène. La régie permet par ailleurs un usage audio-visuel complet. A la sortie de l’auditorium, l’espace d’exposition n’est pas figé et peut utiliser le mur de la régie, l’adossement de la rampe et des meubles vitrines répartis librement. Le plafond de l’Agora et comme celui de l’auditorium et des salles de lecture est en lames de bois pour assurer un parfait confort acoustique et créer une atmosphère chaleureuse. Des rails d’alimentation électriques permettent un positionnement souple de l’éclairage pour faciliter l’usage de l’espace d’exposition. Le secteur des enfants dont l’accès est direct depuis l’Agora est conçut pour ne pas être séparé visuellement du Pôle Fiction, les enfants ont la vue sur le reste des espaces pour susciter leur curiosité. La séparation est acoustique, mais les enfants peuvent voir les activités du secteur adulte pour trouver dans la lecture une attirance naturelle. Pour cette raison, la consultation des bandes dessinées du pôle fiction est proposée dans la continuité. L’espace accueille d’abord les petits dans un espace mêlant le jeu et la lecture le long du jardin intérieur. En fond de scène, accompagné d’un dispositif scénique très simple, formé de rideaux de velours épais et d’un puits de lumière circulaire occultable un petit théâtre intérieur peut se configurer pour l’heure du conte. Les espaces des enfants seront traités avec des matériaux et des couleurs très différentes du reste de la Médiathèque. Le mobilier sera choisi avec soin pour être adapté au jeune public. Une attention toute particulière sera portée au traitement acoustique de ces salles pour leur assurer une ambiance feutrée tenant compte d’un public pouvant lire à même le sol. La bibliothèque des enfants, adaptée aux divers âges du jeune public, pourra être ouverte à de larges champs d’activité allant de la lecture à la musique et au théâtre. Un travail spécifique sur ces thèmes devra être mené avec les équipes de la Médiathèque pour adapter au mieux les équipements du projet. Accessible également directement depuis l’Agora, la grande salle du Pôle Fiction est la vitrine vivante de la Médiathèque, c’est l’espace le plus visible depuis la place publique. La salle de lecture est un volume souple et ouvert, la périphérie est transparente sur les quatre côtés et le plafond en bois suit la courbe de la toiture. De fines ouvertures linéaires s’installent en toiture, pour éclairer les espaces intérieurs sans laisser rentrer directement le soleil. La lumière solaire pénètre l’intérieur par des puits de jour qui traversent les plafonds en lames de bois des salles de lecture pour éclairer la salle d’une lumière douce et changeante. La lumière naturelle et l’éclairage artificiel utilisent d’une façon similaire les lames de bois acoustiques pour se diffuser dans les salles de lectures sans éblouir les lecteurs. Un jardin sépare l’aile du Château de la Médiathèque, il est conçu comme un microcosme, déclencheur d’un imaginaire naturel au cœur du milieu urbain. Certains vitrages s’ouvrent sur ce jardin intérieur pour créer une ventilation confortable. L’été et en demi-saison, la ventilation mécanique est également actionnée prenant l’air du côté jardin pour récupérer la fraîcheur de la nuit. En façade Sud et Est, le soleil est atténué par le claustra de pierre pour se diffuser de façon régulière à l’intérieur. Cette solution devient réversible en soirée, pour que le bâtiment éclaire doucement l’espace public, comme une lanterne. L’ensemble de la Médiathèque est pensé comme un espace perméable à la lumière, tout en préservant la fraîcheur de l’atmosphère intérieure. Cela nécessite une approche nouvelle du dessin des façades. Les espaces de lecture reçoivent une lumière du jour tamisée et adoucie par le claustra de pierre qui enveloppe le bâtiment en partie haute. Au Sud le claustra protège du soleil la façade vitrée située en retrait pour permettre le nettoyage. Le thème du claustra est en rapport avec la tradition, mais étendu à grande échelle, il devient un élément très moderne. L’architecture est conçue pour filtrer le soleil pendant la journée et restituer une dentelle de lumière à la tombée du jour. La double apparence diurne et nocturne sera une des qualités majeure du site. Cette présence lumineuse se fera en douceur, dans la discrétion et sans excès. C’est une atmosphère globale que nous avons recherchée, une ambiance qui soit également valorisante pour le voisinage. L’Agora est prolongée par une rampe, perçue comme une prolongation de la promenade urbaine à l’intérieur de la Médiathèque. C’est l’élément dynamique du projet, celui qui sera le plus spectaculaire parce qu’il montre à la fois en bas, l’espace intérieur du Pôle Fiction et en haut, le volume du Pôle Documentaire et qu’il s’ouvre au dessus de la toiture vers le château par une fenêtre en longueur. La rampe est une promenade ouverte qui incite le visiteur à une démarche tranquille, elle permet un passage entre les deux niveaux comme une transition. C’est un lieu de flânerie intérieure qui dégage un parfum un peu mystérieux. Par la rampe, un puits de lumière naturelle traverse les deux niveaux supérieurs pour souligner avec douceur la présence de l’étage. À la suite de l’accueil, on peut rejoindre directement le premier niveau dans un mouvement naturel. Les salles de lecture de la Médiathèque sont ainsi rassemblées sur deux plateaux dans une même continuité pour en faciliter l’exploitation et la surveillance. Elles sont ouvertes visuellement par des vitrages pour inciter le visiteur à explorer toutes les offres de la Médiathèque et permettre de la percevoir comme un tout. Ainsi, depuis le Pôle Documentaire de l’étage, on peut avoir une large vue vers le Pôle Fiction du rez-de-chaussée à travers le volume de la rampe. La rampe et à la fois le lien physique et le lien visuel entre les espaces tout en préservant l’indépendance acoustique des salles. A l’arrivée de la rampe à l’étage, on trouve l’Atelier accompagné de l’office. L’Atelier est équipé pour servir de salle de formation et dispose de l’accès à la terrasse. La présence d’une terrasse à cet endroit n’est pas seulement liée à un agrément des utilisateurs de l’Atelier, c’est aussi une façon de s’ouvrir vers le nouveau quartier. La façade latérale n’est pas une façade secondaire, elle regarde les logements et la présence d’une terrasse donne à l’équipement public une saveur de convivialité. L’entrée du secteur audiovisuel est soulignée par la présence d’un balcon au dessus de l’exèdre permettant d’avoir une vue sur l’ensemble du projet. Le Pôle Image et Musique est un des éléments d’attraction majeur du programme il comporte à la fois des bacs pour la consultation et la présentation des collections et des espaces plus intimes pour les visionner ou les écouter. Le mobilier et l’atmosphère de l’espace intérieur marqueront la différence de cette partie du programme. Nous proposons en particulier la présence d’un mur d’images projetées sur la fenêtre en verre opale de la façade nord. Nous pensons que cette façade ne doit pas non plus être traitée comme secondaire. Elle peut être aussi la vitrine de la Médiathèque du côté du RER et rendre visible la présence des activités intérieures vis-à-vis des usagers qui ne connaitraient pas forcément la présence de cet équipement. Les images ou les films projetés sur l’écran géant du vitrage sont contrôlés depuis la banque d’accueil située à l’entrée. Le Pôle Documentaire est accessible dès la fin de la rampe. L’espace est marqué par la courbure souple du plafond et la diversité des espaces. Nous avons attaché une importance à l’offre de lecture pour permettre des usages diversifiés soit de consultation individuelle, soit en petit groupe dans les carrels latéraux, soit en utilisant la salle de travail en groupe. Cette diversité des offres s’accompagne d’une variation des vues, vers l’intérieur même de la Médiathèque du côté du Pôle Fiction, ou vers l’extérieur en direction de la place ou des logements. Deux salles indépendantes dédiées aux multimédias et au secteur de travail au calme sont situées à proximité de l’accueil. Le projet est basé sur la clarté, clarté dans l’organisation des espaces pour que les utilisateurs puissent se repérer aisément et clarté dans l’éclairement des salles elles-mêmes que nous avons voulu baigner d’une lumière vivante. Le plan des salles de lecture, malgré sa simplicité, préserve des atmosphères diversifiées vis-à-vis de la façon de lire. Suivant l’humeur du jour, l’usager peut s’installer dans des espaces communs ou au contraire dans des endroits plus privatifs situés en façade. Il peut également disposer de volumes où l’on peut lire en groupe sans perturber le reste de la bibliothèque. La variété des lieux permet aussi de répartir les collections avec souplesse en équilibrant les lieux d’animation et d’information et l’intimité des salles de lecture à l’ambiance plus calme. Le but est d’atteindre une grande fluidité entre les différentes fonctions et une parfaite visibilité des relations entre les salles. Les espaces de la bibliothèque doivent transmettre le plaisir de lire. Les divers éléments du programme s’insèrent dans des formes simples et des volumes clairs, emprunts de dignité. Les communications verticales mettent efficacement en relation les fonctions de façon à relier fortement des espaces que les utilisateurs vont percevoir en continuité. Nous avons voulu recentrer le programme sans en remplir le centre pour préserver l’autonomie de volume entre l’aile du château et la Médiathèque. L’économie d’espace est voulue pour assurer à la Médiathèque un meilleur fonctionnement sur le plan de la surveillance des salles de lecture et vis à vis de l’information des utilisateurs, ce recentrage est également lié à la fonction même de la Médiathèque en facilitant les relations et la simplicité de surveillance et de circulation du personnel. Le projet que nous proposons s’affirme aussi comme un lieu vivant, ouvert sur l’évolution des technologies et en capacité de s’adapter facilement pour évoluer dans le temps. Une attention particulière est apportée à la souplesse de l’alimentation en énergie des salles de lecture. La souplesse d’implantation du mobilier et la capacité de faire évoluer l’offre technologique, sans frais excessifs, sont des facteurs essentiels dans la prise en compte du développement durable. L’administration de la Médiathèque est répartie sur deux niveaux superposés. L’un comporte les espaces de livraison et de traitement des livres, l’autre reçoit les bureaux proprement dits. Bien qu’installée dans l’aile du Château, l’administration est au plus près des espaces d’usage par la simplicité des liaisons avec les salles de lecture. Les espaces de travail donnent, soit en façade Est sur le Square Léon Brochet, soit sur la terrasse de l’exèdre, accessible par des fenêtres coulissantes. Ces salles sont également éclairées en second jour du côté Nord. La circulation est placée en façade pour préserver du bruit les lieux de travail. La direction de la Médiathèque utilise les espaces les plus représentatifs du Château avec une attention particulière à préserver des lieux d’accueil et d’attente confortables pour les visiteurs. Les différences de niveaux avec l’existant sont absorbées pour les personnes à mobilité réduites par l’ascenseur côté espace public et par une plateforme mobile côté salle de réunion. La salle voûtée du rez-de-chaussée bas est également accessible. Elle pourrait recevoir une exposition sur l’histoire du Château de la Motte. Le Portail du Château sert d’accès aux visiteurs et d’entrée éventuelle du personnel. Le parking privatif est en grande partie couvert ( 8 places couvertes ainsi qu’un large espace protégé à l’entrée du personnel pour abriter les livraisons sur un total de 15 places ). Nous proposons du côté rue deux places handicapés afin de pouvoir servir soit au personnel soit au public de la Médiathèque. Pour accentuer la cohérence entre le Château et la Médiathèque, un axe très clair est installé entre l’ouverture du portail et l’entrée des deux salles de lecture du rez-de-chaussée. Cet axe n’est pas seulement symbolique, il est aussi visuel et traverse le programme dans son orientation Est-Ouest. Ce dispositif fait partie de la volonté de créer un sentiment de continuité entre le bâtiment existant et son agrandissement. La présence de cet axe s’accompagne d’une entrée secondaire donnant un accès direct à l’administration. Nous avons ajouté au programme la possibilité d’utiliser la salle voûtée comme un lieu dédié à l’histoire du site et à sa restauration. Nous avons souhaité préserver le plus possible les éléments préservés de l’ancien Château en installant le nouveau bâtiment avec un recul préservant la lecture de l’édifice d’origine. Le projet se place dans la prolongation de l’existant sans mimétisme et sans tentative de reconstitution. Par contre, il nous semble que l’opportunité est donnée par le programme de réaliser une restauration respectueuse du patrimoine de la ville de Stains en traitant avec le plus grand soin la réhabilitation de la partie existante. Pour cela, nous pensons qu’une concertation préalable est à mener avec les services du patrimoine et de l’architecture. Une collecte d’informations historiques et des sondages complémentaires pourront êtres réalisés pour retrouver les matériaux originaux. Notre souhait est que le projet soit identifié comme un travail d’ensemble tout en préservant la lecture des strates historiques. Sur le côté Est, celui qui est le plus remarquable, il nous semble possible de retrouver une évocation plus précise de la présence des anciennes douves en se basant sur les documents existants. Le traitement qualitatif de l’espace public englobera ainsi l’ensemble du site. Les espaces intérieurs du château seront préservés en tenant compte le plus possible de la hauteur des fenêtres vis-à-vis des locaux et malgré la simplification des niveaux des planchers, des emmarchement et une plate-forme permettront de relier le pavillon Sud au reste des niveaux. Nous prendrons soin de laisser visibles les différentes époques de transformation du site sans vouloir reconstituer une cohérence artificielle et sans idéaliser la reconstitution d’une période privilégiée. Par contre, il sera prévu pour les visiteurs une signalétique spécifique permettant de comprendre ou d’imaginer les phases de transformation.